Une hélice se comporte dans l’eau comme une vis dans le bois. Elle “prend” sur le fluide incompressible qu’est l’eau.
Le pas de l’hélice est la distance théorique parcourue par l’hélice en 1 tour. Mais ça c’est théorique ! Différentes forces s’opposent à l’avancée de l’hélice, par exemple les frottements. Cette perte de rendement est appelée “Glissement“. Le pas réel (celui qui nous intéresse) est la distance réellement parcourue par l’hélice en un tour :
Pas réel = pas théorique – glissement.
A noter que le glissement diminue avec la vitesse.
Nous avons donc vu le pas, exprimé en pouce, qui caractérise une hélice. Quand celle-ci est installée sur le bateau elle est entraînée par le moteur. Le terme “pas” est alors utilisé pour désigner le sens de rotation de l’hélice.
Si la première utilisation du mot nous permet de choisir son hélice, voire de la régler en fonction de son moteur pour en tirer le meilleur profit, cette seconde définition est beaucoup plus importante au quotidien car elle aura un impact sur nos manœuvres.
Explications :
En général, vue de l’arrière, les hélices tournent à droite, elles ont un pas à droite. Pour le confirmer, amarré au ponton, embrayez la marche arrière et observez les remous. Ils sont à tribord, c’est une hélice à pas à droite !
Pourquoi en marche arrière ?
Parce que la forme des poupes accentue fortement l’effet de couple par leur faible hydrodynamisme aussi l’effet de couple se ressent il davantage en marche arrière.
Pas à droite = Hélice qui tourne à droite en marche avant (donc à gauche en marche arrière).
Pas à gauche = Hélice qui tourne à gauche en marche arrière ( donc à droite en marchant avant).
Pas à droite = en marche avant le cul du bateau part à tribord, en arrière le cul part à bâbord.
Pas à gauche = En marche avant, le cul du bateau part à bâbord, en arrière le cul par à tribord.
Effet de pas, pas à droite
Forward = Marche avant ,
Reverse = Marche arrière
Sur les bi-moteurs, on monte le second moteur avec une hélice à pas inverse afin d’annuler cet effet de couple. C’est cela qui permet aux catamarans de reculer parfaitement droit !
Par contre, pour les autres, la connaissance de son pas est très importante pour anticiper les mouvements de votre bateau surtout à faible vitesse :
Connaitre le pas de votre hélice, c’est anticiper son comportement sur les premiers et les derniers mètres. Les bateaux les plus sensibles à cet effet, sont les monocoques, bi safrans avec ligne d’arbre. ils ressentent l’effet du pas jusqu’à ce que les safrans ” accrochent”.
Le principe du coup de fouet au moteur est de donner une franche accélération (en marche avant ou marche arrière), puis revenir au point mort. Dès que le bateau prend de l’erre on manie les safrans pour accentuer le phénomène enclenché par le pas.
Vous pouvez ainsi effectuer des manœuvres très serrées.
En pratique, si votre pas est à droite, un bond coup de marche avant (2 à 3 secondes pas plus) va faire chasser votre cul à tribord, vous virerez donc à Bâbord. Pour un pas à droite ce sera l’inverse. C’est bon à savoir, car si vous avez décidé de faire votre demi tour par tribord avec ce type d’hélice, ça risque d’être un peu compliqué !
En alternant coup de fouet avant et arrière, et en jouant judicieusement sur le safran vous pouvez effectuer un 180° sur place.
Là encore entraînez vous sur un plan d’eau large, calme et peu fréquenté !
Si on ajoute à cela appréhender le courant, le vent, les voisins… Il y a de quoi alimenter un prochain article !
Grâce à cette anticipation qui deviendra vite un réflexe, vous pourrez utiliser cette propriété pour manœuvrer serré comme on la vu, contrer les effets du vent ou du courant, s’éloigner ou se rapprocher d’un quai. A condition de pouvoir choisir votre emplacement.
Par contre, cet effet peut devenirs pervers si les éléments viennent accentuer le phénomène dans un sens non souhaité. Mais encore une fois, l’anticiper permet de trouver une parade. L’occasion de revoir nos vidéos sur les manœuvres de port en monocoque (20 vidéos, 2h37 de visionnage, 10 fiches mémos) , en catamaran (19 vidéos, 2h37 de visionnage, 10 fiches mémos) ou en bateau moteur (30 vidéos, 3h43 de visionnage et 16 fiches mémos)