Le gros temps et le mouillage ne font pas bon ménage ! La météo l’annonce, le coup de vent est confirmé, il va y avoir du sport… Comment sécuriser votre bateau et encaisser le coup de vent au mouillage ?
Avant de se préparer à encaisser un coup de vent, un vent frais ou une dépression, si on est à bord, on doit toujours se poser la question de savoir si on ne peut pas éviter ou fuir le coup de vent. Les bateaux à moteur sont mal taillés pour cet exercice qui relève davantage du programme des voiliers. Un voilier en fuite prend généralement moins de risques qu’au mouillage avec beaucoup de vent et la mer qui l’accompagne. Encore faut-il pouvoir fuir de l’axe dépressionnaire, loin des côtes, vers le large.
Si on décide de fuir, il faut disposer d’au moins trois ris et plus sagement encore de voiles de mauvais temps, solides et de surface réduite qui permettent de pouvoir naviguer à la voile, en restant manoeuvrant avec beaucoup de vent.
Contrairement à une idée reçue très répandue, au mouillage, ce n’est pas l’ancre qui assure la tenue du mouillage, du moins pas avant la toute dernière extrémité, mais c’est la chaîne, posée au fond. L’ancre ne retient le bateau que quand une bonne partie de la longueur de chaîne s’est soulevée du fond.
Mouiller long, c’est la première chose à faire en cas de coup de vent. Mais pour mouiller long, il faut de la place, beaucoup de place. Il faut pouvoir éviter les autres lors de l’évitage et conserver une marge de sécurité. Pas facile.
Mouiller long, c’est mouiller toute la chaine, 40, 50, 60 mètres suivant ce que vous avez sur le bateau, dans une hauteur d’eau dans laquelle vous serez en sécurité, même en ayant largement évité.
Evidemment, en mouillant long et en s’attendant à ce que le bateau tire fort, il est indispensable de monter une main de fer pour faire porter les efforts de la ligne de mouillage non pas sur le guindeau mais sur les taquets avant. Il est sage de doubler cette main de fer. Vérifiez aussi à cette occasion que l’extrémité de la ligne de mouillage est solidaire du bateau par un bout.
La façon de mouiller une seconde ancre dépend étroitement de la situation. Si vous êtes à bord, vous pouvez envisager d’affourcher (mettre une seconde ancre et sa chaîne à poste à l’avant, formant chacune, avec la principale, un angle de 20 à 25° avec l’axe du bateau).
Il faut être conscient d’une chose avec l’affourchage, si le vent tourne, les deux lignes de mouillage peuvent s'emmêler et il devient alors difficile voire impossible de les remonter par les moyens du bord en pleine dépression.
Mouiller une seconde ancre par l’arrière, assez court, peut permettre de garder le bateau dans un axe souhaité, mais là aussi, si le vent tourne plus vite que la réaction de l’équipage, le fardage va faire fortement giter le bateau.
Que vous soyez présent (ce qui est très fortement souhaitable, on ne devrait pas laisser un voilier au mouillage sans personne à bord en cas de coup de vent), ou non, vous devriez, si possible, plutôt empenneler.
Empenneler, c’est mouiller deux ancres l’une derrière l’autre, la seconde et sa chaîne venant se monter à l'extrémité de la chaîne de l’ancre principale. L’empennelage ne change pas beaucoup la manière d’éviter d’un bateau et on ne risque pas de s’emmêler, au moins avec soi-même, sa chaîne…
Dans tous les cas, si vous en avez un, préparer un mouillage secondaire au cas où.
S’il va vraiment y avoir de l’air, il faut limiter le fardage au maximum. Arrimer solidement la GV affalée, affaler et arrimer la bôme, démonter les panneaux PV souples des filières. C’est aussi le moment de ranger le paddle.
Pour l’annexe, il y a deux manières de voir les choses.
Certains préfèrent la conserver amarrée derrière un long bout derrière le bateau. Nous en avons perdu une dans cette situation, la longue amarre de l’annexe, en évitant avec le bateau, s’est prise dans la chaîne d’un autre voilier puis a cassé sous les rafales. Bilan, plus d’annexe, ni pendant, ni après le coup de vent. Elle a fini fracassée sur les cailloux et le moteur volé…L'autre solution, c’est de se priver d’annexe et d’aller la stocker à terre en sécurité. A chacun sa manière de voir les choses. L’arrimage sur le pont est à proscrire car s’il y a beaucoup de vent, malgré les précautions d’arrimage, elle finira probablement à l’eau.
C’est aussi le moment de fermer tous les capots, hublots et écoutilles, de vérifier le fonctionnement de la pompe de cale, de la VHF sur le canal 16, et celui du moteur. Un coup d'œil aussi sur la propreté des dalots qui assurent la vidange des cockpits auto-videurs n’est pas interdit, loin de là.
Enfin il faut impérativement que les gens à bord endossent un gilet de sauvetage. Il n’est pas inutile de se nourrir sans excès et de s’hydrater.
Une fois dans le vif du sujet, la partie s’annonce quand les haubans sifflent, que la chaîne tire et que le bateau gîte sous les effets des sautes du vent et de l’évitage du bateau. Sur le plan d’eau tous s’agitent, la mer est pleine de moutons et grossit.
La question qui obsède tous les skippers du plan d’eau est la même : est-ce que mon bateau tient ? Pour le savoir, il n’est pas inutile de conserver le traceur en marche avec la trace visible à l’écran. On se rend vite compte si le bateau recule ou non.
Une multitude d'applications dédiées basées sur la position GPS et la longueur de chaîne mise à l’eau sont disponibles sur les smartphones.
Si ça tire vraiment fort et que vous sentez que la chaîne ne tient plus au fond, c’est alors le moment d’aider votre ancre avec le moteur du bateau. Le but du jet consiste à soulager la chaîne par l'action du moteur en marche avant lente mais sans venir dépasser l’ancre et risquer de l’arracher. On soulage doucement, en marche avant, à très faible régime.
C’est une méthode efficace pour soulager les efforts dans la ligne de mouillage.