Réparer un impact dans le composite ou le gelcoat

A l’occasion d’un abordage, d’une collision, d’un choc contre un obstacle, les coques en composite fibre de verre polyester peuvent subir des brèches ou des délaminations qui nécessitent une réfection du composite. réfection en profondeur ou simple réparation du gel coat, suivez le guide !

Apr 15, 2025

1 - La réparation du composite

Jusqu’à 1 cm de diamètre, on peut reboucher au mastic époxy ou à la choucroute (mélange de résine polyester et de fibres de verre) mais au-delà de cette taille de dommages, il faudra stratifier.

Même si le mot paraît impressionnant, ce type de réparation demeure à la portée de n’importe qui de motivé et d’équipé. 

Dans un monde idéal, on répare une délamination ou une fissure traversante au moyen d’une double stratification. On crée ainsi une peau intérieure et une autre, à l’extérieur.

J’écris “monde idéal” car la plupart des voiliers modernes en polyester sont équipés d’un contremoule de renfort ou de modules de mobilier posés en fond de coque et qui interdisent l’accès à la coque sur laquelle il faut intervenir.

La présence d’aménagements, d'équipes et de meubles interdit souvent un accès intérieur.

Nous décrivons ici la procédure de réparation depuis l’extérieur, avec un intérieur inaccessible.

Dans le cas où l’intérieur reste visitable, on se passera de l’étape fond de travail et “choucroute” décrite plus bas.

1.1 Premier nettoyage de la zone à réparer

Polluants, fouling, crasse, ne font pas bon ménage avec les ponceuses !

Passez la coque ou la zone touchée au nettoyeur haute pression. Dégraissez avec un solvant.

1.2 Ponçage/découpe de la zone à reprendre

Il s’agit de mettre à nu les bords de la plaie et d’éliminer toute la matière délaminée, abîmée et imbibée d’eau.

On peut procéder avec une disqueuse équipée d’un plateau de ponçage ou d’une ponceuse orbitale et d’un disque à gros grain, comme du 80. Il faut mettre à nu le composite jusqu’à arriver à sa partie exclusivement saine.

Le gel coat doit disparaître sur une zone de 5 cm plus large de chaque côté que les rebords de la plaie.

Si la zone touchée apparaît comme très large, on doit alors couper totalement le composite. Les scies vibrantes de type “Fein” équipées de lames à métal réalisent des coupes propres et nettes. 

Dans ce cas, on découpe toute l’épaisseur ou, on s’arrête à une couche saine.

Ici intérieur accessible, réparation effectuée de l'intérieur vers l'extérieur.

Cette couche saine servira d’appui à la pâte de rebouchage.

Si toute l’épaisseur du composite est touchée, il faudra alors tout découper.

Dans les cas où il ne sera pas possible de réparer aussi de l’intérieur, on installera,  par l’extérieur, une plaque de support (contreplaqué, comacell…) dont le contour correspondant à la plaie aura été recouvert de mastic colle et percée pour laisser passer une garcette. On insère le fond et on le plaque en tirant sur la garcette qu’il faut alors immobiliser.

Une fois ce fond de joint en place, laisser sécher. 

Évitez l’utilisation de polystyrène expansé ou extrudé, ils fondent sous l’action du styrène des résines  !

Puis, dans tous les cas, il faut chanfreiner les rebords de la plaie et rayer abondamment l’ensemble de la surface de travail.

1.3 Second nettoyage et dégraissage

Une fois le travail à la ponceuse terminé, soufflez le tout pour dépoussiérer puis nettoyez l’ensemble à l’acétone pour obtenir une surface dégraissée.

1.4 Bouchage à la “choucroute”

La choucroute, ou colle polyester fibrée est un enduit fibré qui possède des propriétés mécaniques de résistance inférieure à un laminé/stratification mais supérieure au simple mastic de finition.

C’est une pâte à la consistance de pâte à tartiner des petits déjeuners, composée de résine, de durcisseur et de fibre de verre, hachée.

Quand on ne peut pas stratifier aussi de l’intérieur et que l’on travaille sur un fond de joint (reste de composite ou planchette), la choucroute joue le rôle d’un enduit de rebouchage. On bouche en se mettant soigneusement en retrait des lèvres de la plaie. Les couches ultérieures de stratifications devront, elles, se retrouver à fleur.

Si la gravité s’oppose à vos projets et que la choucroute a tendance à “couler” utilisez un morceau de film alimentaire maintenu avec de l'adhésif ou des sangles.

1.5 Nouveau ponçage

Avec un grain plus fin, 120 par exemple, poncez le mastic “choucroute” pour lui donner une surface régulière et en affiner l’aspect.

1.6 Nouveau nettoyage dégraissage

1.7 Stratification

Le but du jeu consiste à alterner les couches de fibre de verre pour atteindre un niveau juste inférieur à celui du gel coat voisin au nu de la coque des abords de la réparation.

Préparez la résine et la quantité précise de durcisseur. Résine époxy ou polyester, à vous de voir, si les résines époxy sont étanches, peu de bateaux polyester disposent d’œuvres vives en époxy. 

Si la température ambiante s’élève à 20-22 C, préférez tout de même l’époxy pour les réparations qui déteste les températures nettement plus basses.

Les résines polyester sont plus souples d’utilisation.

Alternez les couches entre mat (intissé) et roving (tissé) sur le modèle mat-roving-mat ou mat-roving-mat-mat pour davantage d’épaisseur.

Suivant la profondeur de la brèche à stratifier, il faudra 2 ou 3 couches de cette composition.

Ne cédez pas à la tentation d’en mettre davantage car le ponçage à suivre ne devra pas mettre la fibre à nu.

Disposez d’un petit bac assez grand pour y faire tremper les pièces de fibre de verre préalablement découpées.

Protégez-vous avec des gants et un masque adapté si vous travaillez en intérieur.

Découpez vos bandes de tissus de verre aux dimensions souhaitées.

Préparez une petite quantité de résine, utile pour réaliser tout votre travail.

Séparez la en une part pour tremper les bandelettes de fibre et une part pour imprégner la coque.

Enduisez au pinceau la zone à couvrir de mat.

Déposez la ou les bandelettes de mat sur la coque.

Enduisez le mat de résine, et posez les bandes de roving préalablement laissées à tremper une minute.

Enduisez de résine le roving fraîchement posé puis installez la couche de mat.

Débullez au rouleau débulleur entre chaque couche.

Alternez ces dernières le temps de préparer les nouvelles bandelettes ou sans trop tarder. La résine sèche et accroche des saletés gênantes par la suite.

1.8 Mastiquer

Une fois la stratification sèche et pour obtenir un fini digne de ce nom, il est souvent nécessaire de mastiquer la réparation. En effet, on ne peut pas poncer profondément la fibre de verre qu’il ne faut, en aucun cas, mettre à nu.

On trouve des mastics époxy et polyester. Ces mastics sont différents de la choucroute car ils ne contiennent pas de fibre et ne possèdent, du coup, aucune résistance mécanique.

Les mastics époxy sont plus lents à sécher mais les polyester ne sont pas étanches ! 

Une fois cette dernière bien sèche et dure, un léger passage de ponceuse avec un plateau 120.

Dépoussiérez et dégraissez une nouvelle fois.

Appliquez alors le mastic époxy polyester en une couche homogène et fine.

Ne pas trop en poser car il faudra le poncer et le mastic polyester est dur !

Une fois le mastic sec, c’est le moment de nettoyer et dépoussiérer une nouvelle fois avant de faire la retouche de gelcoat que nous décrirons en détail plus loin dans cet article.

2 La réparation du gel coat

Que vous ayez terminé une réparation plus profonde ou qu’il ne s’agisse que de craquelures ou qu’un abordage musclé ait abîmé votre gelcoat, il ne faut pas tarder à réparer ces dommages.

Le gelcoat et son apprêt forment la barrière étanche qui protège votre bateau de l’osmose.

Quand on pense au gelcoat, on peut d’abord imaginer sa fonction d’aide au démoulage ou le brillant qu’il donne, poli, à la coque des bateaux.

Mais gelcoat et  apprêt protègent les œuvres vives de votre bateau et, pour cette raison, ils doivent être maintenus en parfait état.

2.1 Le choix de la couleur

Rapprochez vous d’un concessionnaire ou procurez-vous des nuanciers d’industriels comme Sika, Schoeppen ou Evercoat qui permettent d’approcher la teinte d’un gelcoat ancien légèrement “passé”.

2.2 Le nettoyage

Si les dégâts ne concernent que le gelcoat et non pas le composite sous-jacent, il faudra d’abord préparer la zone de travail. Un sérieux nettoyage s’impose avec pour objectif la suppression des impuretés et pellicules grasses recouvrant la zone abîmée.

A l’eau chaude et au tampon jex, au nettoyant haute pression, chacun sa méthode .

Ce nettoyage sera ensuite suivi d'un dégraissage à l’acétone.

2.3 Le ponçage


Le gel coat se présente sur une coque neuve, comme une pellicule de moins d'un mm d’épaisseur finie. 

Aussi, quand on prépare par ponçage la zone à réparer, il faut attaquer le gelcoat sur une surface élargie par rapport aux dégâts pour permettre l'accrochage du nouveau complexe.

Attention à ne pas trop insister lors du ponçage compte tenu de la faible épaisseur du gelcoat.

Suivant la taille ou le type des dommages à traiter, utilisez une petite ponceuse ou, sur les toutes petites surfaces un outil de type dremel qui peut porter de très petites fraises, bien pratiques pour travailler en douceur.

Le travail consiste à chanfreiner le dégât pour permettre une bonne accroche du “bouchon” de gel coat.

Veillez à ne pas trop insister en profondeur et à ne pas mettre à nu la dernière couche de tissu de verre.

2.4 Protection du chantier

Délimitez ensuite la zone de travail à reprendre avec du scotch de masquage. Les scotchs bleus sont paraffinés et se décollent nettement plus facilement que les jaunes. Bâchez également les abords de la retouche à faire, le gelcoat est pigmenté et tâche facilement.

Nettoyez à nouveau et dégraissez. Méfiez-vous de l’acétone sur les hublots plexiglas, ils fondent ainsi que sur les joints souples qui n’apprécient pas non plus ce traitement.

2.5 La réalisation d’un apprêt époxy

Cette couche époxy assure l’étanchéité du composite.

Sur la surface dégraissée et nettoyée, appliquez, au rouleau ou au pistolet, une ou deux couches d'apprêt époxy. 

Celui-ci assure le contact du gelcoat à venir sur votre surface réparée ou préparée tout comme il constitue une première couche d’étanchéité.

Laissez sécher.

Poncez enfin légèrement au grain 200 ou 240 pour obtenir une bonne accroche pour le gelcoat.

NB. : Il n’est pas forcément nécessaire de réaliser un apprêt époxy sur les zones non immergées.

2.6 La pose du gelcoat proprement dit

Si vous effectuez une réparation d’un impact ou d’une craquelure dans le gelcoat, la faible épaisseur des blessures (1 à 2 mm) permet de les reboucher avec le produit lui-même en deux couches maximum.

Si votre intervention vient après la réalisation de travaux de réparation plus lourds, il faudra réaliser une couche d’apprêt suivie d’une couche de gelcoat.

Posez la première couche au rouleau ou au pinceau.

Laissez sécher. La prise de la seconde couche est meilleure sur une première couche sèche, puis réalisez, au besoin, la seconde couche.

Pour finir, que vous ayez réalisé une ou deux couches de gelcoat, protégez-la avec un film alimentaire. Ce dernier empêchera les poussières de l’air de se prendre dans le gelcoat frais et limitera les travaux de ponçage et de polissage à venir.

Laissez sécher.

2.7 La phase finale de ponçage polissage.


C’est maintenant que commence le travail de finition.

Pour le réaliser, il vous faudra une ponceuse orbitale puis une polisseuse équipée de ses disques de polissage.

Commencez avec des disques de ponçage de 240, puis 400, puis diminuez le grain en fonction du rendu et de votre niveau personnel d'exigence, à 600, 800, 1200 et même 2000 !

Le ponçage terminé, c’est le moment de passer au polissage.

Le lustrage ou polissage peut s’effectuer à la polisseuse avec des éponges et un agent de polissage ou avec des chiffons abrasifs et ce même agent de polissage.

Les deux systèmes existent en kits chez les shipchandlers ou les grossistes en matériel d’entretien automobile.

Pour finir, lavez à grande eau et vous pourrez remettre votre bateau, protégé, à l’eau !